Le parti unique imposé à la plupart des Etats africains à l’indépendance, a toujours fait l’objet de contestation, notamment dans les milieux intellectuels.
En Côte d’Ivoire, cette contestation s’est appuyée au départ, sur des organisations syndicales notamment, le Syndicat National de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (SYNARES). En 1982, sous la houlette de Laurent Gbagbo, un groupe d’enseignants, issus de ce syndicat, crée un mouvement politique clandestin qui sera la matrice du Front populaire Ivoirien.
Ce mouvement prend le nom « Front Populaire Ivoirien » (FPI) à l’issue d’un congrès clandestin qui se tient, dans la région de Dabou (banlieue d’Abidjan), le 26 septembre 1988, au retour d’un exil de six (6) ans, en France, de Laurent Gbagbo (1982-1988).
De 1988 à 1990, le parti s’implante clandestinement et progressivement sur le territoire national. En synergie avec d’autres mouvements clandestins de gauche et des organisations syndicales, il travaille à mettre fin au parti unique en Côte d’Ivoire.
L’intense activité clandestine des opposants politiques est menée dans un contexte de crise économique et financière, de mécontentements et de contestations sociales. Le parti unique est vivement critiqué et le pluralisme politique réclamé.
Sous la pression de la rue, et dans un contexte international marqué par l’effondrement du communisme, la fin de la guerre froide et le discours de La Baule, Felix Houphouët Boigny et le PDCI-RDA, décident d’autoriser le multipartisme en Côte d’Ivoire le 30 avril 1990.
Depuis le 02 avril 1990, le Front Populaire Ivoirien avait déposé ses statuts et règlements intérieurs et obtenu de l’Administration son récépissé d’existence officielle (N°271/INT/AT/AG/S).
Pendant dix (10) ans, le FPI va mener une rude bataille pour l’accession au pouvoir d’Etat.
Lors de l’élection présidentielle du 28 octobre 1990, face à Houphouët Boigny, le FPI présente un candidat en la personne de Laurent Gbagbo. Le système de candidature unique caractéristique du parti unique est brisé. Malgré les verrous institués par le parti-Etat et le boycott du scrutin par les autres mouvements de l’opposition, le candidat du FPI obtient 18,3% des suffrages, devenant de fait le leader de l’opposition ivoirienne. Aux élections législatives du 25 novembre 1990, le FPI obtient 9 sièges sur 175.
Afin de rester maitre du jeu politique, le pouvoir multiplie les actes d’intimidations et d’agression des leaders politiques et syndicaux. Les mesures d’obstruction à la liberté d’expression, de réunion et d’association provoquent de nombreux incidents. Ceux-ci atteignent un point culminant avec les évènements du 18 février 1992 qui conduisent en prison Laurent Gbagbo, alors Secrétaire Général du FPI et de nombreux leaders politiques et syndicaux.
A la mort de Felix Houphouët Boigny en décembre 1993, Henri Konan Bédié lui succède en application de l’article 11 de la Constitution, mais dans la division et dans un environnement de guerre de succession avec Alassane Ouattara.
En 1994, les partisans d’Alassane Ouattara quittent le PDCI-RDA et fondent le Rassemblement des Républicains (RDR). Le FPI conclut avec le RDR une alliance politique, le Front Républicain pour exiger des élections transparentes, justes et crédibles.
Face à l’intransigeance du parti au pouvoir, le Front Républicain appelle au boycott actif de l’élection présidentielle de 1995. Le scrutin est fortement perturbé et de nombreuses violences contre les militants du Front républicain sont enregistrées avec de nombreuses pertes en vie humaines, des blessés et des déplacements massifs de populations. Le FPI participe malgré tout aux élections législatives qui ont lieu un (1) mois plus tard et obtient 13 sièges à l’Assemblée Nationale.
L’année 1996 a été un tournant dans l’histoire du FPI. Ce fut l’année de la clarification de la ligne idéologique et de la définition de son identité doctrinale. Le Congrès qui s’est tenu en septembre 1996 au Palais des sports de Treichville sous la Présidence de Pascal AFFI N’Guessan, a vu s’affronter deux (2) lignes : une ligne d’extrême gauche et une ligne sociale-démocrate. A l’issue de débats houleux, la ligne social-démocrate a été adoptée par le FPI. D’autres innovations ont été apportées à l’organisation et au fonctionnement du parti : la création de la fonction de "Président du Parti" en remplacement de "Secrétaire Général" ; la reforme du Comité de Contrôle ; Etc…
Quoiqu’élu en 1995 à 96,44% et disposant d’un pouvoir quasi illimité en vertu des modifications constitutionnelles de juillet 1998, Henri Konan Bédié est malgré tout fragilisé par une légitimité contestée et des problèmes de gouvernance politique, économique et sociale. Le 24 décembre 1999, il est renversé par un coup d’Etat conduit par le Général Robert GUEI. Une junte militaire (le Conseil National de Salut Public) prend le pouvoir et met en place un gouvernement de transition auquel participent les partis de l’opposition, dont le FPI avec six (6) ministres : Pascal AFFI N’Guessan, KOULIBALY Mamadou, Hubert OULAYE, Léon Emmanuel MONNET, SERI Bailly et AMANI N’Guessan Michel.
La participation du FPI aux organes de la Transition a permis au FPI de faire adopter d’importantes avancées dans la modernisation de la vie politique et du cadre juridique des élections :
L’élection présidentielle qui se tient le 22 octobre 2000, est marquée par de vives tensions. Le Chef de la Junte militaire manœuvre pour se maintenir au pouvoir. 14 candidatures sur 19 sont invalidées par la Cour Suprême, dont celles d’Alassane Ouattara et de Henri Konan BEDIE.
A l’issue du vote, Laurent Gbagbo est proclamé vainqueur de l’élection présidentielle (59,36%) dans une atmosphère de contestations et d’affrontements. Il prête serment le 26 octobre 2000 et met en place le premier Gouvernement de la Refondation dirigé par Pascal Affi N’Guessan.
L’exercice du pouvoir d’Etat par le Front Populaire Ivoirien (Octobre 2000 à 2010/2011) a connu deux (2) grandes périodes :
Le Front Populaire Ivoirien au pouvoir a dû faire face à quatre (4) défis liés au contexte politique et chaotique dont il a hérité :
Les principaux bailleurs de fond (FMI, BM, UE) avaient rompu leurs relations économique et financières avec la Côte d’Ivoire depuis 1998 à la suite de plusieurs scandales financiers. En 2000, la croissance économique était négative (-2,4%). Le pays cumulait des passifs importants dont l’apurement nécessitait des efforts d’assainissement financiers et des capacités de négociations pour le retour et la mobilisation des bailleurs de fonds internationaux.
Dès la première année, la bonne gestion de l’économie et des finances publiques a permis la reprise de la coopération financière internationale et le retour de la croissance économique.
Le principe d’appel à candidatures a été introduit en Côte d’Ivoire par le Front Populaire Ivoirien à l’occasion de la sélection des Directeurs Généraux des régies financières. Le concept de « budget sécurisé » a été adopté pour assurer la gestion du pays en l’absence de financements extérieurs. L’équilibre financier du secteur énergie a été rétabli. La Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) a été restructurée et transformée en Banque Nationale d’Investissement (BNI). La Poste a été restructurée et la Caisse d’Epagne et des Chèques Postaux (CECP) transformée en Caisse Nationale de Caisse d’Epargne (CNCE). La filière Café-Cacao a été reformée pour impliquer fortement les producteurs dans sa gestion. Etc…
Convaincu que la force d’un pays et sa capacité à répondre aux défis de son développement résident dans son unité et sa cohésion, le Gouvernement du Front Populaire Ivoirien, a organisé du 09 octobre au 18 décembre 2001, le premier « Forum de la Réconciliation Nationale » afin d’apaiser l’environnement sociopolitique et fonder un consensus national. Ses objectifs étaient les suivants :
Le Forum a été sanctionné par 14 résolutions qui concernent essentiellement :
Dans la dynamique du Forum de la Réconciliation nationale et en vue de consolider la cohésion sociale, un gouvernement de large ouverture impliquant tous les partis politiques significatifs notamment le PDCI-RDA et le RDR, a été mis en place en juillet 2002.
Les organes du pouvoir judiciaire prévus par la Constitution de la deuxième République ont été mis en place.
Une nouvelle loi a été adoptée pour moderniser l’administration du territoire et renforcer les compétences des collectivités territoriales décentralisées.
La volonté d’approfondissement de la décentralisation s’est traduite par la création des Conseils Généraux et la Communalisation totale du pays.
Pour promouvoir la bonne gouvernance, l’Inspection Générale d’Etat (IGE) a été érigée au rang d’Institution d’Etat.
La création de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) avait pour but de promouvoir les libertés et de consolider la démocratie.
Le financement des partis politiques sur fonds publics a été une décision inédite marquant le ferme engagement du FPI en faveur de la démocratie.
Etc…
Parti humaniste, le Front Populaire Ivoirien met l’homme au centre de sa vision et de son action et accorde la primauté à la pertinence sociale de tout programme politique. Les reformes hardies qui ont été entreprises concernent :
En dépit de l’organisation du Forum de la Réconciliation Nationale et de la formation du Gouvernement de large ouverture de juillet 2002, la Côte d’Ivoire a subi le 19 septembre 2002 une tentative de coup d’Etat qui s’est muée en rébellion armée. Le pays a été coupé en deux : les zones centre, nord et ouest (CNO) occupées par trois mouvements rebelles (MPIGO, MPCI, MJP) et la zone sud par le gouvernement légal.
La rébellion armée a été une tragédie nationale. Elle s’est traduite par de nombreuses pertes en vies humaines et ses conséquences ont été dramatiques sur le plan humanitaire, politique, diplomatique, économique et social.
Afin de sortir le pays de la crise de restaurer l’intégrité du territoire et de rétablir l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du pays, le Gouvernement de la Refondation, fidèle à sa culture politique a fait l’option du dialogue et de la négociation.
L’échec des négociations de Lomé (octobre 2002) a conduit aux accords de Linas-Marcoussis (15-26 janvier 2003) et à la mise en place d’un gouvernement de réconciliation nationale dominé par l’opposition politico-militaire.
Pendant sept (7) ans, le Front Populaire Ivoirien, ses députés à l’Assemblée Nationale et ses cadres au sein du gouvernement vont se battre pour l’application effective des différents accords de sortie de crise et le désarmement des mouvements rebelles. A cette fin, de nombreuses concessions ont dû être faites, notamment l’éligibilité à l’élection présidentielle du Président du RDR, la cession de la CEI à l’opposition politico-militaire, la nomination du Chef de la rébellion à la tête du gouvernement, etc.
En dépit de ces concessions, les mouvements rebelles refusent de déposer les armes. L’élection présidentielle d’octobre 2010, censée mettre fin à la crise, se tient sans désarmement et dans la violence. Les résultats définitifs proclamés par le Conseil Constitutionnel sont contestés par l’opposition politico-militaire soutenue par la Communauté Internationale. Le FPI est amené à affronter une nouvelle crise. L’échec de la solution diplomatique débouche sur la guerre. Au bout d’un mois d’affrontements meurtriers à l’intérieur du pays et à Abidjan, le Président Laurent Gbagbo et ses partisans retranchés à la résidence présidentielle sont arrêtés le 11 avril 2011. Il s’en suit une vague d’arrestations et de détentions abusives. Le Président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, est arrêté et déporté à Bouna, au nord-est de la Côte d’Ivoire.
Pour échapper aux exactions, voire à la mort, des milliers de cadres du FPI et de partisans de Laurent Gbagbo (plus de 200.000) prennent le chemin de l’exil. On enregistre plus d’un million de populations refugiées (Libéria, Ghana, Togo, Benin, Europe, USA, etc.).
Le FPI est décapité : le Président Pascal Affi N’Guessan est en prison à Bouna ; le premier vice-président Sangaré Aboudramane est détenu à Katiola ; la deuxième vice-présidente Simone Ehivet Gbagbo est emprisonnée à Odienné.
Pour animer le parti, après la défection du troisième vice-président Koulibaly Mamadou, une direction intérimaire conduite par le Secrétaire Général Miaka Ouretto Sylvain se met en place.
La Direction intérimaire choisit la voie du dialogue et de la décrispation. Elle appelle les nouvelles autorités à la négociation.
En réponse, celles-ci usent de duplicité. En même temps qu’elles posent des actes d’ouverture (audience, financement, négociation), elles décident, à la surprise générale, le transfèrement du Président Laurent Gbagbo à la CPI. Cette attitude contraint le FPI au boycott des élections législatives de novembre 2011.
Après plusieurs mois de tergiversations, le gouvernement accepte de reprendre les négociations avec le FPI. Celles-ci ont lieu de janvier à mars 2013, sans avancées notables, hormis quelques libérations de prisonniers opérées en fin 2011 et en 2012.
Par ambition, la direction intérimaire avait décidé de mettre fin prématurément à l’intérim et se donner un statut légal. D’où la convocation d’une convention en avril 2012 avec à l’ordre du jour la question de l’organisation d’un Congrès pour l’élection d’un nouveau Président.
A l’issue de débats houleux, le projet d’évincer la direction légale en prison est catégoriquement rejeté.
Malgré son échec à la convention, la direction intérimaire ne renonce pas à son projet. Ainsi, à la sortie de prison du Président du parti le 06 août 2013, elle rechigne à faire la passation de pouvoir. La crise interne est ouverte. Elle va opposer de 2013 à 2021, les Légalistes conduits par le Président du parti, Pascal Affi N’Guessan, aux Frondeurs rassemblés autour du slogan « Gbagbo Ou Rien » (GOR). Cette crise va connaitre trois grandes phases : administrative, judiciaire et politique.
Au cours de l’année 2014, les frondeurs ont usé de tous les moyens administratifs pour entraver la bonne marche du parti et pousser le président à la démission : opposition au dialogue politique avec le gouvernement ; opposition au réaménagement de la direction du parti pour intégrer les cadres rentrés d’exil ; initiative de création d’un courant politique interne ; etc… Toutes ces manœuvres se sont soldées par un nouvel échec.
Afin de trouver une solution définitive à la crise, un congrès extraordinaire a été convoqué pour se tenir du 11 au 13 décembre 2014, en vue du renouvèlement des instances du parti. N’ayant pas les moyens de battre le candidat sortant, les frondeurs font appel à la candidature de Laurent Gbagbo, alors en détention à la CPI. C’est « l’Appel de Mama ». Cette candidature factice et l’échec des tentatives de la direction du parti d’y trouver une solution consensuelle vont ouvrir la phase judiciaire de la crise.
Les interventions de la Justice, au cours de l’année 2015, ont permis de trancher la question des candidatures à l’élection du Président du FPI, d’annuler la décision illégale prise par les frondeurs de désigner un président intérimaire du parti, de protéger les droits de propriété du journal et du logo du parti ; etc…Les frondeurs ont connu leur troisième échec.
N'ayant pas atteint leur objectif d’évincer le Président du Parti, ni par la voie administrative, ni par la voie judiciaire, les frondeurs ont enfin accepté le principe d’une rencontre entre le Président du Parti et le Président Laurent Gbagbo, espérant avoir gain de cause par la voie politique.
La première tentative de rencontre à Bruxelles échoue à Paris (21 mars 2019). Les Frondeurs exigeaient au préalable du Président du Parti, de reconnaitre et de proclamer sur les antennes de RFI que Laurent Gbagbo est le Président du FPI.
La rencontre a enfin lieu les 3 et 4 janvier 2020, à Bruxelles. A l’issue des discussions et à sa demande, le Président du Parti a proposé :
En cas d’accord, ces propositions seraient entérinées par un congrès unitaire convoqué par les deux parties.
Bienvenue sur notre site web! Le Front populaire ivoirien est un parti politique socialiste et social-démocratique de centre gauche en Côte d'Ivoire.
Abidjan, Cocody-Vallon
(+225) 27 22 59 19 43
fpi@fpi-ci.com
Copyright © Front Populaire Ivoirien tous droits réservés.